Une errance photographique, inspirée de Gabriele Basilico pour les bâtiments et Henri Cartier-Bresson pour l’instant. Elle met en scène un personnage fortuit et authentique. Il tiendrait le rôle d’indicateur d’échelle dans une représentation de la ville et de notre rapport à l’espace. Un concept personnel qui devait être la vitrine à la maîtrise technique d’une professionnalisation à la photographie.
Ce personnage qui passe, vous semblez l’attendre longtemps. Il est certainement plus important que vous ne le pensez. Vous devriez y songer.
Pauline Turmel, photographe (2004)
Contrairement à Basilico (architecte de formation), l’architecture ne compte pas si ce n’est pour son aspect dramatique et d’être un prétexte à photographier la personne qui passe, acteur principal d’une scène orchestrée à l’avance. La photographier ainsi, c’est l’aveu de ne pas savoir faire autrement qu’au loin et à son insu. C’est le deuil d’une spontanéité à établir le contact, plus généralement de l’aisance sociale qui aurait permis d’être le photographe humaniste qu’on rêvait d’être. La recherche du lieu, le temps à la prise de vue et la nécessité que ce soit « vrai » représentent une implication qui donne à l’image davantage de mérite qu’elle n’en a et compense le déficit ressenti à être limité dans ce qu’on peut réaliser.
Enfin, partir occasionnant l’absence et la persistance à photographier un personnage solitaire sont l’expression du conflit intérieur d’une solitude inavouable à la personne qui est chère, si ce n’est en créant la distance et au travers des images. C’est un signe de détresse qu’on agite mais sans oser prendre la parole ni faire le premier pas. Vouloir maîtriser techniquement est une manière rassurante de garder le contrôle sur ce qui est possible tandis qu’autre chose (plus importante) s’échappe devant nos yeux sans qu’on ne sache l’en empêcher.